Les zones humides

Tout d’abord, mais qu’est-ce qu’une zone humide ? 

Une zone humide est un espace de transition entre la terre et l’eau, qui se définit par un “terrain exploité, ou non, habituellement inondé ou gorgé d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles (qui aiment l’humidité), pendant au moins une partie de l’année” et dont le sol se caractérise par une morphologie de sol humide (hydromorphe).

Les zones humides s’identifient par deux critères : soit il y a la présence d’une végétation composée de plantes hygrophiles, soit le sol présente des traces d’humidité représentatives d’un sol humide. 

Ainsi, les milieux aquatiques comme les cours d’eau et les plans d’eau ne sont pas considérés comme des zones humides, car les plantes qui y poussent sont des hydrophytes (plantes aquatiques) et les sols en présence sont constamment sous eau (substrat alluvial).

Mais pourquoi les zones humides sont-elles si importantes ?  

Les zones humides détiennent de nombreuses fonctions écologiques et hydrologiques qui rendent des services indispensables à notre société.

En effet, les zones humides permettent : 

  • d’améliorer la qualité de l’eau ! Grâce aux plantes, au sol et aux micro-organismes associés, ces milieux fonctionnent comme des filtres naturels qui effectuent une véritable épuration de l’eau et la restituent vers les cours d’eau et les nappes souterraines en une eau de meilleure qualité. C’est cette eau qui est ensuite pompée pour assurer la distribution de l’eau potable ! Les zones humides sont par exemple capables de traiter les particules polluantes.
  • de réguler les quantités d’eau ! Telles des éponges, les zones humides stockent l’eau en période de pluie, ce qui permet de réduire les crues et de retarder les ruissellements, tout en rechargeant les nappes souterraines. En période de sécheresse, les zones humides restituent l’eau stockée vers les cours d’eau et les nappes, ce qui permet de maintenir les niveaux d’eau !
  • de créer des milieux riches en biodiversité ! Les zones humides sont en interface entre les milieux aquatiques et les milieux terrestres, ce qui fait qu’elles concentrent une partie des espèces de ces milieux de façon temporaire, en plus des nombreuses espèces végétales et animales inféodées aux zones humides qui y vivent de façon permanente. Les zones humides assurent ainsi de multiples fonctions de niche écologique des espèces : alimentation, reproduction, refuge ; et créant ainsi une nature beaucoup plus riche et diversifiée.
  • de réduire les problèmes climatiques et d’améliorer la qualité de l’air ! Et oui, les zones humides participent à épurer les pollutions atmosphériques par la photosynthèse de sa végétation qui est très productive. En effet, ce sont de véritables puits de carbone car elles le captent par la flore puis le stock de manière durable dans ses sols. À l’inverse, la flore des zones humides diffuse de l’oxygène ! 

De plus, en période de sécheresse, elles apportent localement humidité et fraîcheur ! 

Et alors, pourquoi les zones humides de notre territoire ont-elles fortement régressé au cours du dernier siècle ?

De nombreuses pressions s’exercent sur les zones humides, aussi bien naturelles qu’anthropiques et aussi bien historiques, qu’actuelles. Considérées à tort comme des terres malsaines et incultivables, elles regroupent pourtant de nombreux services rendus à l’Homme qui sont indispensables au bon fonctionnement du cycle de l’eau.

En effet, la majorité des zones humides sont détruites ou leurs fonctions protectrices sont dégradées pour répondre aux enjeux économiques de nos sociétés, notamment en secteur alluvial, où elles sont transformées pour différentes activités agricoles, urbaines et forestières afin d’y développer :

  • des constructions humaines bâties en zone inondable, ce qui expose directement ces biens et ces personnes aux inondations. Le bitume imperméabilise les sols hydromorphes, augmentant rapidement les vitesses de ruissellement et l’augmentation des niveaux d’eau. Les pollutions chimiques (eaux usées diffuses, hydrocarbures, etc.) et physiques (remblai, déchets, etc.) en provenance des parcelles bâties, des routes et des industries dégradent ou détruisent les zones humides.
  • des cultures de céréales telles que la culture d’une plante tropicale, le maïs, qui nécessite d’importants besoins en eau et des cultures d’oléo-protéagineux comme la culture du colza, dont l’usage des insecticides est fréquent. Ces cultures remplacent historiquement les assolements bocagers composés de prairies naturelles humides pour le pâturage du bétail, les jachères pour le repos de la terre et des petites parcelles en maraîchage. 
  • des cultures de peupliers (peupleraie drainée) composées d’essences très gourmandes en eau et qui ne sont pas locales assèchent les sols et la flore de zones humides.  
  • des stations d’espèces floristiques invasives composées de plantes exotiques introduites par l’Homme. Ces plantes envahissantes, parmi lesquelles figure la renouée du Japon, dégradent des zones humides par compétition physique et chimique sur les espèces locales.
  • des carrières d’extraction de matériaux alluviaux comme les sables, pierres ou argiles, détruisent profondément les zones humides et sont par la suite revalorisées en plans d’eau qui ne détiennent pas les mêmes fonctions que les zones humides alluviales.

Tous ces changements d’occupation des sols des zones humides, altèrent, dégradent et détruisent leurs fonctions, ce qui entraîne des problématiques majeures pour nos sociétés telles que la fermeture de nombreux captages d’eau potable à cause des pollutions de nappes phréatiques, des inondations qui impactent les biens et les personnes et une biodiversité de plus en plus fragile. Rappelons que la biodiversité est indispensable à la survie de l’espèce humaine, notamment par les fonctions qu’elle apporte : épuration de l’air, de l’eau, ressource alimentaire de qualité, pollinisation des cultures, maintien des cycles biochimiques, etc.

 

Mais alors, comment protéger les zones humides et comment s’assurer que leurs services fonctionnent ?

Il est urgent de modifier le développement de l’urbanisation, de l’agriculture et de la foresterie, car il est tout à fait possible de concilier nos activités humaines avec le maintien de zones humides stratégiques. En effet, c’est par l’étude des zones humides qu’il est possible d’avoir la connaissance de leur localisation et de leur fonctionnement, pour ensuite définir des stratégies de gestion contractuelle, de restauration ou de préservation des zones humides par maîtrise foncière et adapter ainsi la gestion du paysage, sur notamment la réduction des pollutions situées : 

– en aire d’alimentation de captage d’eau potable, 

– aux droits des sources,

– en lits majeurs des cours d’eau (zone alluviale),

C’est par une bonne volonté politique et citoyenne qu’il faut prendre en compte la haute valeur environnementale des zones humides, en relocalisant le modèle économique et social, qui actuellement dégradent les zones humides ; vers un modèle à taille humaine et territoriale, par une agriculture locale favorable à la biodiversité et un artisanat de proximité basé sur des matériaux locaux et biosourcés (sylviculture durable, processus de fabrication et de recyclage biologique).

Actuellement, les mesures et actions sur les zones humides sont à renforcer (exemple : les règles en zone vulnérable nitrates et pesticides), car elles sont en partie sur la simple base du volontariat (ceci est le cas pour les mesures agro-environnementales entre autres). 

 

 

ZOOM sur les Marais de Saint-Gond

 C’est l’occasion de faire un focus sur le secteur de zones humides qui est le plus remarquable du territoire et qui détient le plus d’enjeux représentatifs du territoire : les marais de Saint-Gond.

Ces marais représentent un site d’une biodiversité et d’une richesse exceptionnelle pour le nord de la France. Il s’agit d’une des tourbières alcalines les plus vastes (1 700 hectares) et les plus riches de la région mais qui a malheureusement subi de nombreuses atteintes au cours des 50 dernières années : la superficie du marais a diminué d’un tiers. La principale cause de dégradation est le drainage des zones humides pour leur mise en culture : les marais s’assèchent et la tourbe se minéralise, ce qui menace le fonctionnement du marais à court et moyen terme. Rappelons que cette zone humide permet notamment d’épurer l’eau en tête de bassin versant du Petit Morin, de réguler les quantités d’eau en période de hautes et basses eaux et de contenir un important réservoir de biodiversité.

© SMAGE 2 Morin – Marais de Reuves – 2021

Cependant, à l’échelle du territoire, le manque de connaissance de l’existence de ces zones humides et des mesures de précaution qui s’y appliquent peut encore conduire à leur disparition (imperméabilisation, mise en cultures, etc). C’est pour cela que les objectifs du SAGE des 2 Morin sur les zones humides sont :

  • La localisation et l’étude des zones humides, ce qui constitue la première étape de leur protection, afin de mieux connaître leurs fonctionnalités.
  • La maîtrise foncière ou contractuelle afin de préserver ou de mieux gérer les zones humides pour rétablir et améliorer les fonctionnalités sur le territoire. 
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